Gil Jouanard, écrivain voyageur

Publié le par L'Archange Minotaure

Gil JOUANARD – Venise en clair obscur

Jouanard est le genre de voyageur qui «tourne le dos à la foule giratoire.» Ce qui a priori n’est pas simple à Venise, dans le «flot touristique et matrimonial.» Mais l’auteur a plus d’un tour de vaporetto dans son sac et bientôt, à qui sait la trouver, s’offre une autre Venise, plus intime, plus simple, mais tout aussi intéressante.

On l’aura compris : la Venise de Jouanard n’est pas celle de tout le monde. «C’est que la force des lieux s’exprime d’abord par leur aptitude à se dégager des idées les plus couramment partagées.» D’abord : ne pas utiliser une gondole, qui est «moins un moyen de transport qu’un accessoire factice.» Venise se découvre à pied. Et un peu au hasard. D’ailleurs c’est bien connu : se perdre aide souvent à la découverte. «Le risque ? Louper la façade nec plus ultra, l’église au retable précurseur, le pont ou la placette à ne pas manquer. La belle affaire !»

Nous suivons facilement l’auteur dans ses «errances empreintes d’érudites rêveries.» Il nous raconte l’Histoire : comment et par qui ont été colonisés ces «instables et malsains marécages de la lagune», ces espaces «où la charge des cavaliers sauvages se fût enlisée.» Il nous raconte la petite histoire des ponts, des « bouches du lion », ces « boîtes aux lettres de l’infamie», des noms de lieux, ces Campo, calle, sotoporteghi et autres fondamenta… Il nous parle de lui-même, enfin, car «Venise vous ramène toujours à l’inconnu qui se tapit au fond de vos intimes replis intérieurs.»

Un autre regard sur Venise, assurément un regard à connaître. Un petit livre au riche contenu, superbement illustré, une belle invitation au voyage. Une écriture « franc-parler » qui peut surprendre, mais qui rythme bien cette courte promenade.

Les premières lignes : «On ne rêve, n’imagine, et peut-être même ne connaît jamais si bien un lieu richement connoté, devenu authentique corps de songes mythologiques, qu’avant de l’avoir vu pour la première fois, et d’en avoir fait se confronter la réalité et la représentation mentale qu’on en avait nourrie des années durant avec soi, voire avec vénération »
Dessins aquarellés de J-C DONNADIEU. Éditions L’Archange Minotaure 2006.

Gil JOUANARD a également publié chez le même éditeur dans cette collection « les Portes Clandestines », un Istanbul et un Prague. Chez Phébus : Un Journal, Moments donnés 1965- 1995 ; et La Saveur du monde, une promenade avec les «amis.»

Article par Lionel Bedin, in http://www.ecrivains-voyageurs.net (avril 2006)

Publié dans La Presse en parle !

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M
<br /> Pourquoi ne pas avoir sur votre site un espace réservé à une lecture à voix haute d'une page de l'un de vos écrivains le plus talentueux? Cela ne doit pas être si difficile à mettre en place, il<br /> me semble. Par exemple, imaginez ce petit chef d'oeuvre de poésie, l'Abédédaire des ailleurs, lu par Lucchini... Trop cher? Essayez Philippe Roman, tout aussi bien et plus<br /> accessible <br />
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M
<br /> Je me demandais bien ce que signifiait ce titre "L'ouvre de Pierre Jourde" (c'est écrit 4 fois) puis en cheminant (je suis obstinée et, de plus, j'ai beaucoup aimé La<br /> littérature sans estomac) je finis par comprendre qu'il y a une faute, une boulette: ah non, pas vous!<br />
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